Jocelyne, 19 ans, accueillie à l’orphelinat Action espoir des enfants en détresse (AEED), membre du Reiper, partenaire d’Apprentis d’Auteuil à Brazzaville en République du Congo
« Quand j’étais enfant, je vivais avec mon père et une femme qui ne m’aimait pas tellement. Alors, je suis partie et je me suis retrouvée à la rue. À 7 ans, une personne m’a dit : « Une petite fille comme toi ne peut pas vivre dans la rue. Il s’y passe de mauvaises choses, il y a des agressions ». Un juge m’a placée à l’orphelinat Joseph Gaston Céleste, avant de me transférer, en 2016, à AEED, un centre d’accueil, d’hébergement et d’insertion professionnelle pour des garçons et des filles.
Les adultes m’ont bien accueillie. Avec les autres enfants, c’est comme si j’avais des grands ou des petits frères et sœurs, une nouvelle famille. Elle me pousse à avancer, me donne la force d’apprendre, de me dire : « Je ne suis pas seule, je dois me battre pour réussir ». Je veux réussir pour moi et pour les personnes qui m’accompagnent. Elles se donnent tant de mal pour que je devienne quelqu’un. Je voudrais, en premier, avoir le brevet des collèges.
Je rêve de devenir magistrate pour aider des enfants dans le besoin. En attendant, grâce au Reiper, j’ai été sensibilisée aux droits des enfants. J’ai appris qu’on a le droit à une personnalité, à une identité, à une éducation. Un enfant a le droit de manger, de jouer, d’aller à l’école, de s’exprimer, de se sentir libre. J’aimerais que tous les enfants connaissent leurs droits, par exemple lors de la journée mondiale de l’enfant africain, le 16 juin, ou de la Convention internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre, mais aussi partout dans le monde. Nous devons nous battre pour vivre au mieux. »
Laura Hendricksen, directrice International
« Le parcours de Jocelyne illustre parfaitement les missions des associations membres du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (Reiper) au Congo dont Apprentis d’Auteuil est partenaire depuis vingt ans. Ce réseau protège les enfants en rupture avec leur famille ou en situation d’extrême vulnérabilité, en mutualisant les pratiques et les savoirs de ses membres. Il cherche aussi à améliorer la formation continue des travailleurs sociaux, grâce notamment aux formations que nous coorganisons ensemble. La fondation soutient également le Reiper dans ses actions de sensibilisation aux droits des enfants et des jeunes en situation de rue, auprès de la population congolaise et dans ses actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics.
Cette année, pour la première fois, des enfants en situation de rue du Congo ont pu s’entretenir directement avec des experts des Nations Unies. « C’est la première fois que l’on nous demande notre avis ! » « On espère que le gouvernement agira en conséquence » nous ont-ils rapporté.
Porter la voix de Jocelyne, de tous ces enfants trop souvent ignorés et insuffisamment écoutés dans nos sociétés, est notre priorité. Nous devons mieux connaître encore leurs difficultés et nous engager collectivement à agir pour que les politiques publiques les protègent véritablement et leur permettent de devenir des hommes et des femmes debout. »