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Contours du jour qui vient

Résumé du livre Contours du jour qui vient de Leonora Miano

Un livre de : Leonora Miano

Contours du jour qui vient

Ajouté le : il y a 6 mois

Au lendemain d’une guerre civile, dans un pays imaginaire d’Afrique équatoriale « le MBOASU », une enfant de neuf ans est accusée par sa mère de sorcellerie et est mise à la rue, après plusieurs mois de maltraitance en tous genres.

Leonora Miano poste le contexte de cette guerre civile pour parler d’une question qui préoccupe en Afrique, celle de l’aliénation religieuse, liée à celui du phénomène des enfants des rues.

Cette enfant se retrouve à la rue et n’a d’autre choix que d’observer le monde qui l’entoure. La guerre civile a laissé les habitants de ce pays plus désœuvrés qu’ils ne l’étaient déjà. Elle fait le constat d’une perte de repères intérieur et extérieur des habitants.

Après la guerre, de nombreux temples naissent à travers le pays. Des églises dites « de réveil » comme on en connait en Afrique, des marabouts, des voyants, des féticheurs, des pasteurs promettent monts et merveilles. Leur spécialité : « les démons dissimulés dans les familles ».

« Les habitants de Sombe se pressaient vers ces lieux…. Ils n’allaient pas se repentir mais se plaindre. Ils n’allaient pas chercher comment créer l’harmonie au sein de leur famille mais comment bouter hors de leur domicile le sorcier qui, ayant pris l’apparence d’un proche, avait précipité leur ruine. Ils n’allaient pas élever leurs âmes puisqu’ils n’aspiraient qu’à descendre toujours plus bas là où c’était obscur… ceux qui d’entre eux cherchaient sincèrement Dieu espéraient trouver en lui une sorte de vaisseau spatial vers une planète plus tranquille. Ils priaient non pas pour affronter la vie mais pour en être délivrés … Après la guerre il ne restait plus que le présent, et il n’était plus que perte de sens »

Ce roman aborde frontalement la question des enfants sorciers, ceux accusés et maltraités au vu et au su de tous, encouragés par le silence de l’entourage (familial, voisinage…).

L’autrice fait un lien direct et très important entre l’état de désœuvrement dans lequel peut se trouver un pays à un phénomène d’aliénation. Il est alors évident que la misère sociale, la pauvreté, l’absence d’opportunités, le manque du nécessaire vital amplifient le phénomène d’enfants des rues.

La misère et l’absence d’opportunités exacerbent le sentiment religieux. Les gens veulent un Dieu accessible, proposant des directives claires, accomplissant des miracles palpables, offrant un espoir immédiat dont ils ont besoin pour se sentir mieux dans leur vie. Cela les rend égoïstes et fragiles. Les pasteurs, les féticheurs, les prophètes… comprennent le potentiel économique du désespoir et de la crédulité et ils s’en saisissent.

Ce désespoir donne la possibilité à des charlatans de désigner les enfants, qui sont des êtres fragiles sans défense, comme responsables de tout ce qui survient. Otant par là toute responsabilité à un gouvernement, à des dirigeants politiques. L’enfant est alors responsable de la mort, de la pauvreté, du chômage, de la maladie … le désespoir aveugle les adultes au point de leur retirer toute logique et humanité. La réponse qui leur ait apporté aussi absurde soit-elle est alors la réponse tant attendue.

On pourrait échanger pendant des heures sur le mécanisme sociologique qui se cache derrière ce genre de pratique. Sur la lâcheté des adultes avec la complicité de toute une société qui sacrifie sur l’autel de leur désespoir les enfants, sur des parents qui, incapables d’assumer leur rôle, préfèrent rendre leurs enfants responsables de leurs malheurs.

Pour exemple un père qui perd son emploi accuse son enfant, une mère qui, à la suite d’une crise de nerfs à l’idée d’affronter une journée sans plus savoir quoi manger, trouve soudain que son enfant a décidément une attitude ou un regard étrange. Les parents vont alors s’adresser aux marabouts ou aux pasteurs. Une fois qu’ils ont glissé un billet, ces derniers confirment toujours ou alors les désignent comme sorcier.

C’est ainsi que Musango, alors âgé de neuf ans, se retrouve à la rue après des sévices que lui fait subir sa mère, convaincue que sa fille est responsable de sa maladie génétique.

Ce roman est assez intéressant car il aborde plusieurs questions, mais il nous apprend surtout que la misère fait perdre aux êtres humains toute forme de lucidité et les enfants en paient le prix.

Dans le parcours de Musango elle est recueillie sur une courte durée « à la maison d’Aida ». Cette maison qui recueille tous les enfants accusés de « sorcellerie » afin de leur offrir un foyer, un espace où ils redeviendraient enfant tout simplement.  Cela a fait échos au travail que mène le REIPER, redonner la place et l’importance des enfants dans cette société pour ainsi décroitre ce phénomène.

On ne le répètera jamais assez un enfant ne peut être responsable du malheur des adultes.