Un livre de : Wilfried N'Sondé
Lorsque j’étais sur le banc de l’école, j’ai malheureusement appris que Diego CAO, le portugais, avait découvert l’embouchure du Congo. La sémantique de cette phrase était assez dérangeante car elle sous-entendait qu’avant l’arrivée des Portugais le Royaume Kongo n’a jamais existé, la vie du Kongo n’a débuté qu’à son apparition.
C’est encore plus désolant de constater que cette sémantique est maintenue et continue à être enseignée à des Congolais par des Congolais, sans que cela ne soit jamais remis en question.
Lorsque l’on s’intéresse à l’histoire un petit peu, on apprend qu’effectivement DIEGO CAO était un comme on les appelait à l’époque, un explorateur qui dans son exploration est tombé sur un royaume implanté, puissant souverain, le plus puissant d’Afrique centrale.
Il est tombé sur une société qui fonctionnait très bien. Dans un premier temps cette rencontre a débouché sur une sorte d’entente mutuelle. On ne saura jamais exactement quelles ont été ses motivations, mais le Roi Kongo se convertit au christianisme non pas dans le rejet de ses croyances mais au contraire il considère que cela est un complément aux croyances et traditions du Kongo. Lui qui se nommait NZINGA NKUWUSE change son nom et signe un traité d’alliance.
Ce traité d’alliance permet dans le même temps de maintenir une forme d’autonomie face aux Portugais. Ces derniers ne peuvent posséder les terres du royaume comme bon leur semble. Les sujets sont protégés et une sorte d’échanges s’établit.
Malheureusement cette situation ne va pas durer car les Portugais sont motivés par un intérêt financier. Ne respectent pas les différents traités et poussent de plus en plus loin leur exigence, et le christianisme devient un réel moyen de pression pour les populations autochtones.
Il n’est plus question de respect des croyances des populations locales mais bien de différents abus qui se multiplient. KIMPA VITA nait dans ce contexte.
Sa jumelle ne survit pas à leur naissance elle est alors nommée KIMPA VITA qui veut dire « la jumelle née de la guerre ».
En 1685 dans un royaume en proie à la désolation, elle voit le jour. Le royaume est toujours sous occupation portugaise. Les tensions empirent et de nombreux affrontements ont eu lieu. Le christianisme est un moyen de pression.
C’est une jeune femme qui est élevée dans le respect des coutumes Kongos mais a également reçu une éducation religieuse chrétienne comme il était de coutume. Elle étudie même le catéchisme. Elle relève assez rapidement la supercherie surtout lorsqu’il est question de se renier.
Elle se reconnait de son vivant dans une certaine dualité « choisie par les esprits des ancêtres Bakongos et admise parmi les adeptes du Dieu chrétien… ». Cette dualité lui permettait ainsi de ne jamais se renier et de rester attachée à ses racines, ses traditions ses coutumes…
Malheureusement ce discours n’était pas entendable pour les différentes autorités dont portugaises qui y voyaient un véritable affront à leur religion et à leur désir expansionniste. Car ce discours trouve échos et surtout distille un sentiment de fierté dans les populations locales.
Elle multiplie des adeptes autour d’elle. Des personnes prêtes à risquer leur vie pour son message et également leurs croyances.
Lire ce roman c’est redonner sa juste place à cette figure historique et se rappeler l’histoire du royaume Kongo celle qui n’est pas dite sur le banc de l’école. Redonner également vie à une figure historique importante qui plus est une femme.