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Le pleurer-rire

Résumé du livre Le pleurer-rire d'Henri Lopes par Anne BIKIE SANA

Un livre de : Henri Lopes

Le pleurer-rire

Ajouté le : il y a 3 mois

Le pleurer-rire est un classique de la littérature congolaise. Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, c’est un classique qui a été de mon temps au programme scolaire congolais.  J’étais alors au lycée.  

Ce roman débute un coup d’état : POLE-POLE vient d’être renversé par le colonel BWAMABE NASAKKADE.

Ce dernier, comme c’est souvent le cas en Afrique, promet de faire mieux que son prédécesseur qu’il traite au passage de tous les noms.

Toute cette histoire est contée par un maitre d’hôtel qui va être sollicité par le nouveau dirigeant afin d’être son cuisinier personnel. Il est alors important de préciser que ce maitre d’hôtel a été sollicité car non seulement considéré comme le meilleur de son domaine, mais surtout parce qu’il est de la même ethnie que le président de la République.

Ce dernier va nous conter les aventures du colonel. Heureux d’avoir obtenu le pouvoir, il va très rapidement s’atteler à le garder. Lui qui a combattu son prédécesseur en promettant un mieux-être et un mieux vivre va assez rapidement lui faire voir pire.

Il va installer la dictature en commençant par museler l’opposition, contrôler les médias et renforcer le tribalisme dans son pays.

Ce roman, aux airs de satire politique est très proche de la réalité. Force est de constater que de nombreuses années se sont écoulées sans que les choses aient évolué.  

Bwakamabe installe un régime dictatorial et ses décisions interviennent au gré de ses peurs, de ses envies et surtout de ses intérêts financiers.  Il est alors sourd aux demandes de la population qu’il prétend aimer, mais qu’il cantonne au rôle d’adorateur. Pour avoir son attention ses collaborateurs ne doivent être que dans la stricte adoration de ce qu’il dit.

Cet ouvrage est un outil merveilleux pour éveiller à la conscience politique et sociale. Il permet aux jeunes de s’intéresser à la question politique.  Car la politique n’est pas seulement l’apanage de ceux qui veulent en faire mais de tout un peuple. La politique exerce une influence directe sur les vies des citoyens. Les décisions qui sont prises définissent la vie qu’une population va mener.

Ce livre est assez intéressant car il décrit le ridicule de ces dirigeants qui s’accrochent au pouvoir. Bwakamabe devient alors un guignol pour qui personne n’a de respect, mais comme il inspire profondément la peur, il arrive à obtenir ce qu’il veut.

Au-delà de la question politique, l’auteur fait le parallèle avec la question coloniale. Il revient à plusieurs reprises par le biais de nombreux personnages sur la relation qui lie la France à l’Afrique en nommant d’ailleurs les personnes blanches par les « oncles ».  C’est d’ailleurs intéressant d’observer le parallèle entre le paternalisme de la politique mener par BWAKAMABE reproduisant le même traitement que lors de la colonisation, les mêmes éléments de langage, les mêmes opinions humiliantes…

En tant que lectrice, c’est un véritable indicateur du fait que même après la colonisation les chaines mentales restent encore présentes et que malgré les indépendances il y a un vrai travail de déconstruction à faire sur cette relation toxique qui lie les colonisateurs aux colonisés.

Ce livre écrit en 1982 est encore malheureusement d’actualité en ce qui concerne la république du Congo. Les questions liées aux besoins des populations ne sont toujours pas traitées. Le fort taux de chômage des jeunes, l’éducation, la santé etc ne sont véritablement pas des priorités gouvernementales.

Les Congolais font face aux mêmes problématiques. Ce qui est paradoxal est que l’auteur de ce roman a travaillé dans les structures gouvernements qu’il dénonçait dans ses écrits sans qu’il ait pu vraiment faire évoluer des choses.

Nous gardons l’espoir des changements qualitatifs futurs.