Un livre de : Camara Laye
Camara laya est un écrivain africain dont j’ai fait la connaissance en primaire. Je n’ai pas découvert l’auteur mais j’ai découvert le poète à travers ses vers que nous devions retenir et réciter en classe « A ma mère »
Dans ma vingtaine j’ai découvert que ce poème était issu d’un roman. L’auteur n’était pas seulement un poète mais un romancier. Ce fameux poème qui m’avait tant marqué était issue de son premier roman écrit en 1953 « l’enfant noir ».
Ce roman débute donc par ce poème dans lequel il rend hommage à sa mère. Il ne rend pas seulement hommage à sa mère parce que mère, mais aussi parce que femme africaine.
A la lecture du roman on réalise que, ce poème n’est pas seulement une déclaration d’amour d’un fils à sa mère mais, il revêt également d’une dimension culturelle forte et c’est sans doute pour cela que ce livre est considéré comme un classique de la littérature africaine.
A ma mère
« Femme noire, femme africaine, o toi ma mère je pense à toi
O Daman, o ma mère toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m’ouvrit les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi… *
Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, o toi ma mère je pense à toi…
O toi daman ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le cœur, toi qui patiemment supportait mes caprices, comme j’aimerais être encore près de toi, être enfant près de toi !
Femme simple, femme de ma résignation, o toi ma mère je pense à toi
O daman, daman de la grande famille des forgerons, ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne, o daman ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi
Femme noire, femme africaine o toi ma mère merci ; pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils si loin si près de toi ! »
Bien que le poème soit très beau, j’aurais apprécié avoir eu la possibilité de la découverte de ce livre plus jeune. Le roman dans son ensemble est comme un hommage aux coutumes et croyances africaines. Il décrit là une époque dans un petit village en haute guinée ou l’enfant noir vivait avec ses parents.
Son père est un forgeron qui travaille l’or et est le chef de la tribu. Sa mère jouit semble-t-il de pouvoirs surnaturels de clairvoyance.
C’est un petit garçon qui est entouré d’amour et d’affection par les membres de sa famille. Lorsqu’il évoque ses parents, cela déborde d’amour. Son père est un homme sage avec qui il a des discussions profondes. Sa mère est protectrice et débordante d’amour à son égard. Mais l’Afrique étant en pleine évolution, le savoir ne se transmet plus comme un héritage mais s’acquiert sur les bancs de l’école.
L’enfant noir issu d’une famille traditionnelle se prend de passion pour les études et son envie d’apprendre évolue encore plus de jour en jour au grand dam de ses parents.
Ce roman est un classique de la littérature africaine car il fait le pont entre la tradition, les coutumes africaines et le monde moderne tel qu’il était en 1953. La peur des parents est alors que l’enfant se renie complètement pour embrasser une culture venue d’ailleurs.
Il est intemporel car il dit quelque chose de la transmission de l’identité culturelle. Vouloir apprendre et comprendre ce qui vient d’ailleurs est louable mais dans quelle mesure notre curseur personnel doit être positionné pour ne jamais avoir à se renier complètement. Il y a cet adage populaire qui dit « pour savoir où on va, il faut savoir d’où l’on vient »
Ce livre raconte merveilleusement bien la vie d’un enfant africain dans un petit village de Guinée Conakry. Il conte l’amour et le respect profond qu’avait l’auteur de l’endroit d’où il venait malgré le fait qu’il ait fait des choix différents. Il est écrit avec beaucoup de respect de ce qui constitue l’enfance de l’enfant noir et cette capacité à ne jamais se renier.
C’est un roman sur le passage de l’enfance à l’âge adulte. Les décisions qui doivent être prises par soi-même. C’est aussi une ode à l’amour d’un enfant envers ses parents et surtout envers sa mère et ce poème en est la preuve.
L’enfant noir mérite d’être lu dans son intégralité par des enfants au collège par exemple et cela distillera dans l’esprit de ces derniers cette fierté d’être africain et de ne pas se renier pour embrasser complètement les cultures venues d’ailleurs.